Reportage / Le Cantal, c’est aussi un couteau !

C’était une vraie découverte ce couteau. Fabriqué à Cézens dans le Cantal près de Saint-Flour, il est une excellente idée de cadeau pour Noël ! Vous voulez en savoir plus ? Voici l’article que j’ai écrit pour L’Auvergnat de Paris paru en novembre. Bonne lecture ! Et n’oubliez pas de visiter le site internet du coutelier : http://www.couteaulecantal.fr

 

Il a aiguisé son talent à Laguiole avant de s’installer à son compte et créer son propre couteau. Installé à Cézens, près de Pierrefort, Charles Cibiel a donné naissance à un nouvel emblème du département : le bien nommé couteau Le Cantal. Un produit dont il maîtrise la fabrication de A à Z, le tout fait entièrement à la main. Rencontre avec un artisan passionné.

Les Auvergnats ont du choix pour s’offrir un couteau de qualité, que ce soit à Laguiole ou à Thiers. Mais depuis un an et demi, il faut aussi compter sur un petit coutelier installé dans le Cantal, à Cézens, au pays de Pierrefort. Petit fabriquant mais grand talent, car en si peu de temps, il s’est déjà forgé une belle clientèle et une gamme de couteaux intéressante. Charles Cibiel s’est installé là où il est né. C’est cette envie de retour aux sources qui l’a poussée à ouvrir son propre atelier. Durant 20 ans, il a taillé son savoir-faire sur mesure à Laguiole, aux forges d’abord. « J’ai eu un accident de voiture quand j’avais 20 ans, on m’a posé un bassin en plastique, j’aurais pu rester paralysé. Je devais trouver un travail où je serai assis », confie-t-il. Le petit gars de Cézens part donc à Laguiole pour forger ses premières lames. Il ignore encore que cela le séduira au point d’ouvrir sa propre affaire des années après…

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Petit à petit, il se fait remarquer par ses talents, notamment celui de dessinateur, et troque ainsi la forge pour la gravure et la personnalisation des couteaux. « J’ai toujours travaillé le bois depuis gamin », précise le coutelier. Il se fera ensuite recruter chez Durand, autre fabriquant de couteaux Laguiole. Entre temps, l ‘homme s’est « retapé », comme il le dit, et peut retrouver un métier où il bouge et retrouver aussi sa terre natale. Il abandonne le couteau pour se lancer dans le bâtiment, le cœur de métier de la famille. « J’ai fait des piscines, de la géothermie… », partage-t-il.

Une marque et une forme déposées

Finalement, l’envie de faire des couteaux renaît et l’artisan crée son propre atelier de fabrication. Un fait rare dans le monde de la coutellerie, car bien souvent, les pièces de couteaux sont faites à Thiers pour être ensuite assemblées par le créateur de tel ou tel couteau. C’est la différence entre la forme du couteau et la marque. « Souvent la forme vient de Thiers et ce n’est que la marque qui vient du coin », explique-t-il. Créer son atelier est une chose. Mais il donne naissance aussi à un nouveau couteau : Le Cantal, dont la forme et la marque sont déposées au niveau européen. Une protection indispensable pour ne pas être copié.

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Le produit a tout de suite trouvé sa clientèle. Et quand on dit tout de suite, c’est vraiment tout de suite. « Le premier jour où j’ai ouvert mon atelier, j’avais un homme devant la porte, un Breton, j’ai cru qu’il était en vacances dans le coin et qu’il passait par curiosité. Mais non, c’était un collectionneur et il avait fait le déplacement juste pour mon couteau. Il venait de Bretagne pour être le premier à acheter le Cantal », se souvient le coutelier, sourire aux lèvres. Le ton était donné. Le Cantal allait faire déplacer les gens jusqu’à Cézens. « Je ne voulais pas faire de vente directe à la base, mais j’ai été obligé de le faire pour répondre à la demande qui vient jusque devant ma porte. J’ai été le premier surpris », admet-il.

Sa force : la personnalisation de l’objet

Sa petite coutellerie se révèle au détour des panneaux installés dans le village. Dans l’entrée, la boutique accueille le client avec une présentation de la gamme proposée par Charles Cibiel. Des couteaux de chasse, des couteaux de poche, des couteaux de collection… Avec plusieurs particularités : d’abord la forme du Cantal, légèrement arrondie, et assez rustique, qui en fait un écho des souvenirs d’enfance de Charles Cibiel. »Quand on était gamin, on avait toujours un couteau en poche, et il avait cette forme arrondie. J’ai voulu garder cette forme de lame et je voulais en faire un couteau de montagne ». Résultat : un couteau qui a sa personnalité, montagnard, rustique, et élégant. A cela s’ajoute le souhait du coutelier d’utiliser en priorité des matières naturelles issues de l’écosystème cantalien. Les manches sont en hêtre, houx, prunier, frêne, acacia, genévrier, noyer ou marronnier mais aussi en bois de cerf, qu’il ramasse pendant la saison, ou en corne de bélier, de mouflon et de vache.

Bien sûr, pour les collectionneurs et amateurs de pièces d’exception, Charles Cibiel travaille aussi les matières nobles comme la molaire ou l’ivoire de mammouth qui viennent des glaciers de Russie. Sans oublier la lame Damas, cette lame constituée de plusieurs aciers tressés pour un rendu très esthétique. Pour le must, le guillochage est travaillé au burin et non à la lime, une technique beaucoup plus minutieuse pour un résultat très fin.

Mais l’une des forces de ce coutelier c’est aussi de proposer des couteaux personnalisés. Ainsi, on peut faire graver son prénom, dessiner un animal, un champignon sur le bois… Son travail des manches en résine permet de pousser la personnalisation à son comble. « Des pêcheurs me demandent de mettre leurs propres appâts dedans, les chasseurs me demandent des plumes d’oiseaux, on peut aussi mettre des fleurs ou même des bijoux ou des photos », explique-t-il. Personnaliser les couteaux, c’était une de ses priorités quand il a ouvert son atelier, mais c’était aussi de proposer un produit de qualité à un prix raisonnable pour une telle pièce faite à la main. « Je voulais sortir un couteau à moins de 100 euros », affirme-t-il. Promesse tenue avec sa gamme classique du couteau Le Cantal. Les prix pouvant ensuite monter jusqu’à 600 euros selon la matière et le travail demandés.

Le lancement du couteau Le Cantal a été un succès. Désormais, l’artisan réfléchit à un futur déménagement pour pouvoir s’agrandir. Ce qui lui permettrait de recevoir les visiteurs plus confortablement mais aussi de pouvoir avoir la forge sur place puisqu’aujourd’hui elle se situe à quelques mètres de l’atelier, faute de place. Le lieu reste encore inconnu mais une chose est sûre : « je reste évidemment dans le Cantal ! »

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